STÉPHANE RATEL, ANIMAL DE COURSE
Stéphane Ratel est à l’unisson de la météo lorsqu’il arrive dans le paddock du circuit Paul Armagnac. L’organisateur du GT français, européen et même planétaire, est rayonnant. Comme si un anticyclone planait au-dessus de Nogaro en même temps que sur le monde du GT à l’instigation de sa structure, SRO Motorsports, fondée en 1997 et qui règne sans partage sur le GT dans toutes ses déclinaisons.
Comme de coutume, le GT4 France ouvre ses portes à Nogaro à l’occasion des Coupes de Pâques et Stéphane Ratel avait hâte de retrouver l’évènement qui lui tient à cœur.« Je suis heureux de revenir dans le Gers, je n’avais pas pu venir l’année dernière ! » lâche-t-il dans un souffle libérateur. « J’ai grandi près de Pau, c’est une région que j’aime beaucoup et chaque fois que je viens ici j’en profite pour faire un crochet par Biarritz d’où ma mère était originaire. »
Le ton est donné. Entretien avec un passionné qui vit et vibre pour le sport automobile et les terroirs, d’ici ou d’ailleurs. Commençons par le terroir gersois…
Qu’est-ce qui fait le charme des Coupes de Pâques ?
Ça reste un des derniers évènements populaires en France, dans le sport automobile, car il a gardé une tradition. Il existe depuis longtemps et il a su conquérir et entretenir la passion auprès de son public. On vient ici avec son fils car on y était venu avec son père, ça fait partie de ces rares épreuves qui n’ont jamais cédé à la mode, qui ont toujours valorisé le spectacle et qui l’ont maintenu génération après génération. Ce week-end, c’est l’ouverture du championnat France des circuits à Nogaro et c’est un évènement majeur pour toutes les équipes et les fans. Les Coupes existent depuis 1968, c’est génial ! C’est transgénérationnel comme les 24h du Mans, ou les 24h de Spa, c’est le patrimoine !
Pour vous aussi, Pâques est un week-end de fête ?
Je n’ai pas passé Pâques chez moi depuis 25 ans et je viens souvent à Nogaro, mais Pâques et le GT font la fête ensemble non seulement dans le Gers, mais aussi en Australie, avec l’ouverture du championnat australien à Mount Panorama Bathurst et à Oulton Park avec les coupes de Pâques anglaises qui cultivent leurs traditions avec un très beau public.
Dans peu de temps, le GT se produira à Monza puis à Spa avec les fameuses 24h.
J’ai coutume de dire que l’on a des courses – avec de belles bagarres en piste et un peu de spectateurs – et des évènements, dont Nogaro, Spa ou Monza, axés sur la promotion. Pendant 30 ans, l’objectif principal était faires des courses car notre société devait vivre. Au fur et à mesure de son évolution, elle a essayé de transformer ces courses en évènements, Monza en est un bon exemple. La présence de Valentino Rossi nous donne un coup de pouce et le public est de plus en plus nombreux, de plus en plus connaisseur et on organise de vraies promotions autour d’un plateau exceptionnel avec 58 voitures en GT, 52 en GT4, c’est phénoménal !
Le sport automobile et le GT en particulier se sont donc définitivement remis des années Covid ?
On a forcément perdu un peu pendant le Covid, puis il y a eu une explosion post Covid. L’interprétation n’est pas évidente. Le grand public était frustré de ne pas venir et beaucoup de spectacles ont bénéficié d’une affluence record ces deux dernières années. Mais les plateaux sont aussi exceptionnels. A Nogaro, on a 36 voitures en FFSA GT et 30 voitures en tourisme et toutes les courses de support ont de très belles courses, profitons-en !
Le Phénix renaît de ses cendres en quelque sorte…
On vit un âge d’or du sport automobile ! Il y a 5 ou 6 ans, on se demandait s’il aurait un avenir et s’il ne glisserait pas lentement vers un schéma similaire aux courses de chevaux, avec un évènement incroyable comme l’Arc de Triomphe et d’autres rencontres plus confidentielles. On se demandait si ce n’était pas un sport du XXe siècle sur la pente descendante. Mais non ! Il renaît et se réinvente. C’est le double effet de la F1 qui a repris du poil de la bête avec le management des Américains et de Netflix. Ils ont su intéresser un public plus jeune. Et il y a une formidable réussite des Hypercars, un engouement avec le retour de Ferrari au Mans. Toute la filière du sport automobile en bénéficie.
Petits et grands se demandent parfois à quoi correspondent les GT… « Le GT4 pour les nuls », vous le définiriez comment ?
C’est la formule GT nationale idéale ! On a une pyramide avec, à son sommet, le championnat du monde d’Endurance, Le Mans et les Hypercars. Ce sont des championnats d’usine. Puis on a des formules continentales : Europe, Asie, Amérique, où on a essentiellement des GT3 avec plutôt des équipes privées dont certaines sont soutenues par les constructeurs, puis le niveau national où les équipes de GT4 sont tous privées. Leurs voitures sont plus proches de la série même si elles sont adaptées à la compétition, alors qu’au niveau mondial ce sont des prototypes très éloignés de la série. Le GT4 est bien moins onéreux et on a une grande diversité de modèles.
Comment cohabitent les différentes catégories de pilotes, où l’on retrouve également une grande diversité d’expérience, d’âge, et même de genre ?
Oui nous avons un équipage 100% féminin ainsi qu’un père et sa fille ! On a inventé la catégorisation des pilotes : les pros, les amateurs et gentlemen drivers qui ont débuté après 30 ans. On a toutes les combinaisons possibles et donc chaque classe est récompensée : on a 3 podiums par course. La cohabitation fonctionne très bien, il y a de l’émulation, une très bonne entente et une passion commune.